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Soutenance d'Aurore Fierobe
« Stratégies de légitimation de l’innovation. Le cas de la santé digitale. »
Dirigés par Etienne MINVIELLE
Soutenance prévue le 21/11/2025 à 14h, à la Bibliothèque Sainte-Barbe, 4 rue Valette, 75005 Paris
Résumé : La légitimité est une ressource cruciale aux premiers stades d’une innovation. En effet, les organisations innovantes ont tendance à rencontrer un "first-mover disadvantage", qui se traduit par des coûts plus élevés et une rentabilité plus faible à long terme. Les organisations de santé sont particulièrement touchées par ce phénomène. Bien que le paysage de l'innovation en santé soit dominé par des institutions à but non lucratif, comme les hôpitaux, les pressions managériales et budgétaires augmentent les impératifs de rentabilité.
Les projets innovants subissent donc une double influence : celle des valeurs partagées des soignants et celle de la rationalisation. C'est notamment le cas des projets en systèmes d'information (SI), qui constituent une grande partie des innovations hospitalières. Pour innover dans de bonnes conditions, les porteurs de projets ont besoin de légitimité à la fois sur le plan médical et sur le plan économique. Toutefois, leurs stratégies pour obtenir cette double légitimité sont encore mal connues
Cette thèse vise à mieux connaître les stratégies de légitimation des innovateurs en SI de santé, avec une question de recherche générale : Comment les acteurs qui innovent déploient-ils des stratégies de légitimation de leur innovation en santé ?
Pour répondre à cette problématique, nous mobilisons quatre cadres théoriques. Les deux premiers définissent notre objet de recherche. Les deux suivants sont liés à notre démarche d’analyse.
Le premier cadre porte sur l’adoption des SI innovants dans le domaine de la santé. Nous nous concentrons sur les résistances à l’adoption, afin de montrer que la légitimation est un facteur-clé pour surmonter les obstacles à leur mise en place.
À l’aide d’un second cadre théorique, nous explorons ensuite les stratégies de légitimation des innovateurs.
Notre troisième cadre théorique, nous fait considérer une approche pratique de l'innovation, c’est-à-dire fondée sur les habitudes répétées, collectives et normatives des acteurs.
Pour compléter notre analyse, nous avons recours à un quatrième cadre théorique : le concept de trans-action pragmatiste, inspiré des travaux de Mead (1834) et Dewey et Bentley (1949). La trans-action nous sert de lentille théorique pour étudier les pratiques des acteurs.
Notre travail est basé sur trois études de cas impliquant des SI de santé innovants. Le premier cas, CanTel, est celui d’un SI de télésurveillance médicale. Le second cas est celui de ReMonit, également une application de télésurveillance médicale, passage à l'échelle du projet CanTel. Le troisième cas de thèse se déroule au Danemark, à l’hôpital Andersen, et porte sur les stratégies d’un Centre d’innovation hospitalier pour légitimer ses projets digitaux vis-à-vis des soignants.
Cette thèse propose deux contributions théoriques. Notre première contribution réside en une typologie des stratégies de légitimation, présentées comme des idéaux-types (Doty & Glick, 1994). Nous démontrons que les stratégies de légitimation permettent aux innovateurs de surmonter les tensions entre les nouvelles pratiques et les pratiques existantes.
Notre deuxième contribution est liée au concept de trans-action. En l’utilisant comme lentille d’analyse, nous montrons qu’il permet de mieux étudier les rapports entre les innovateurs, les évaluateurs, leur environnement, les technologies innovantes, et les entités non-humaineset non-technologiques.
Sur le plan empirique, nous encourageons les managers en santé à accompagner le changement et les réflexions sur les normes existantes. Nous montrons des exemples de bonnes pratiques aux entrepreneurs, et mettons en garde les institutions contre certains dangers de la digitalisation par des acteurs privés.
Mots clés : Stratégies de légitimation, innovation, santé digitale, étude de cas
Composition du jury :
| Johanna HABIB | Aix-Marseille Université | Rapporteuse |
| Patrick COHENDET | HEC Montréal | Rapporteur |
| Marianne HARBO FREDERIKSEN | Syddansk Universitet | Examinatrice |
| Karl-Emmanuel DIONNE | HEC Montréal | Examinateur |
| Roxana OLOGEANU-TADDEI | Université de Montpellier | Examinatrice |
| Samer FARAJ | McGill University | Examinateur |
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