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Soutenance d'Amar Drissi
Formes, forces et figures de restructurations d'entreprises
Formes, forces et figures de restructurations d'entreprises
Thèse de doctorat ès sciences de gestion soutenue le 20 novembre 1998.
Résumé :
Cette thèse porte sur une modalité particulière de la transformation d’entreprise qu’on appelle restructuration.
L’hypothèse principale, qui en constitue le fil directeur, est la suivante : restructurer une entreprise passe par une alliance entre une mécanique et une mystique à travers la mise en place d’un dispositif à trois éléments (inspiré de Claude Riveline) dans lequel mythes, rites et tribus se soutiennent mutuellement. En d’autres termes, la mobilisation des forces du changement passe par une mobilisation du sens adossé à des médiations et à des médiateurs qui l’incarnent, le traduisent et le prolongent dans ce qui est fondamentalement l’articulation d’une légitimité (symbolique) et d’une factualité (objective et opérationnelle) à la jonction d’effets de sens et d’effets de force.
La démonstration de cette thèse se déroule en trois moments.
Premièrement une revue critique de la littérature existante mettant en évidence l’existence d’un certain nombre de modèles dominants et d’archétypes normatifs qui, sous-tendus par la forte dimension d’un imaginaire leurrant, renvoient à l’existence d’une problématique utopique privilégiant le bouleversement radical aux dépens de la réparation et ceci dans un espace inédit où le scientisme gestionnaire rencontre et conforte un désir de réenchantement du monde.
Deuxièmement une étude de cas : la restructuration de la mine de charbon de Jerada (Maroc) par l’auteur entre 1992 et 1994. A travers une posture de «praticien réflexif» et une méthode de «réflexion-dans-l’action» inspirée de Donald Schön, l’auteur reconstruit la généalogie composite d’une restructuration singulière telle qu’elle s’enracine dans des soubassements symboliques et matériels, des ressources économiques et institutionnelles et des leviers identitaires et profanes. Au terme de cette investigation et de la mise en évidence d’un certain nombre de filiations et de réactivations relatives à l’histoire du Maroc, l’auteur en arrive à qualifier sa démarche de réaménagement de «modèle néo-maraboutique» de restructuration d’entreprise résultant de greffes et d'interactions entre des rationalités hétérogènes : tradition classique du pouvoir maraboutique marocain, problématique d'une mine charbonnière, acculturation moderniste et gestionnaire, l’Islam comme arrière-fond et comme horizon.
Enfin troisièmement un certain nombre d’éclairages latéraux à partir de l’étude de deux cas (l’un entrepris par l’auteur et toujours en cours depuis 1996 : Lesieur, l’autre relatif à l’expérience de la RATP sous Blanc de 1989 à 1992) permettront une relecture en surimpression de l’expérience de Jérada ainsi qu’un certain nombre de remaniements et d’approfondissements théoriques en particulier au niveau du modèle dit politique de transformation d’entreprise.
De telles mises à l’épreuve croisées renforcent alors la thèse principale d’une intégration entre ontologie et logistique illustrant ainsi la problématique de la restructuration et de ses doubles au sein de ce qui est fondamentalement l’articulation d’une grammaire locale et d’enjeux universels.
Mots clés : restructuration, mine, Maroc, mécanique, mystique, mythes, rituels
Composition du jury :
Michel Berry | Directeur de thèse | |
Alain Henry | ||
Hervé Laroche | ||
Claude Riveline | Rapporteur | |
Michel Villette | Rapporteur |