Soutenance de Marie Le Pellec-Dairon
Strategies d’evaluation et de pilotage de la valeur Des projets innovants
Le cas de la valeur environnementale des programmes spatiaux
Résumé :
Les projets d’innovation de rupture représentent un réel défi de pilotage, d’autant plus lorsqu’ils sont associés à des enjeux environnementaux forts. En effet, la gestion de la performance des projets innovants est associée à la création de valeur des projets. Cette notion de valeur renvoie à une capacité de sélection des projets selon leur valeur potentielle, et à une capacité de réalisation de cette valeur au travers d’un pilotage adapté. Les enjeux environnementaux questionnent d’autant plus les outils et méthodes préconisés pour la gestion des projets. Ces enjeux viennent en effet élargir les dimensions de la valeur d’un projet, s’ajoutant à d’autres dimensions telles que la valeur commerciale, le renforcement des compétences de l’organisation ou l’amélioration de l’image de marque. Pourtant, il existe peu de travaux sur la manière d’expliciter la dimension environnementale de la valeur des projets permettant de l’intégrer aux processus de décision. C’est en particulier le cas pour les processus de sélection qui nécessitent une évaluation de la valeur potentielle des projets. De la même façon, les enjeux environnementaux questionnent la manière de piloter les projets afin de réaliser – ou dépasser – leur valeur potentielle. En effet, les stratégies des acteurs ne sont plus guidées par l’unique intérêt individuel de profit financier : l’intérêt commun lié aux enjeux environnementaux est un nouvel élément du processus de structuration des acteurs entre eux. Ainsi, si l’écosystème d’acteurs entourant le projet innovant a été identifié dans la littérature comme un élément essentiel de la réalisation de la valeur du projet, la mise en place de cet écosystème reste à préciser. L’objet de cette thèse est de caractériser ces problématiques grâce à une recherche-intervention réalisée au sein de l’agence spatiale française, le CNES (Centre National d’Études Spatiales). Cet organisme présente en effet des caractéristiques originales permettant d’explorer les stratégies d’évaluation et de pilotage des projets innovants dans un contexte d’enjeux sociétaux forts – changement climatique, gestion des ressources naturelles, protection de la biodiversité, etc. En particulier, les programmes spatiaux d’observation de la Terre sont des projets innovants dont la sélection questionne la pertinence des outils actuels. Leur temps de développement très long (une quinzaine d’année) et le milieu hétérogène dans lequel les projets s’inscrivent permettent d’explorer les problématiques de structuration des écosystèmes d’acteurs. En exploitant les résultats de la combinaison d’une revue de la littérature et de l’analyse de quatre projets spatiaux, le première axe de la thèse précise l’explicitation de la valeur environnementale des projets en proposant un outil d’évaluation adapté à cette dimension spécifique. Pour cela, elle s’inspire en partie des apports de l’approche des économistes de l’environnement, complémentaire de l’approche gestionnaire de la valeur des projets. Le deuxième axe de recherche de la thèse aborde la structuration de l’écosystème. Cet axe complète la problématique générale de pilotage des projets en vue de la création de valeur. Un modèle analytique a permis de rendre compte des différents types d’écosystème par lesquels passe le processus de structuration. Ce modèle met en évidence les différentes trajectoires d’implication des acteurs autour du projet. L’analyse de ces trajectoires a permis d’identifier les éléments clés à intégrer au pilotage des projets. Ainsi, cette thèse propose des chemins dynamiques constitués de ces éléments clés. L’ensemble de ces travaux aboutit à la proposition des éléments d’évaluation et de pilotage d’une stratégie intégrant les enjeux environnementaux aux processus de décision. Cette question est au coeur des bouleversements, tant économiques qu’environnementaux ou sociétaux, auxquels nos sociétés seront de plus en plus confrontées.
Composition du jury :
Michel Avignon | Expert senior innovation et politique technique, CNES | |
Jean-Pierre Bréchet | Professeur, Université de Nantes | |
Patrick Cohendet | Professeur, HEC Montréal | Rapporteur |
Sylvain Lenfle | Professeur, CNAM | |
Christophe Midler | Professeur, Ecole polytechnique et Directeur de recherche, CNRS | Directeur de thèse |
Blanche Segrestin | Professeur, Ecole des Mines | Rapporteur |