Soutenance de David Massé
Les routines de la création : l'art de former pour mieux créer.
Thèse de doctorat ès sciences de gestion soutenue le 2 mars 2015
Résumé :
Dans un contexte de compétition par l’innovation caractérisé par un déferlement de nouveaux produits, services et technologies qui condamne les entreprises à une course sans fin, les industries de la création (la musique, le cinéma, la mode, le jeu vidéo, la publicité, les arts de la scène…) semblent faire preuve d’une capacité permanente à se réinventer à la hauteur des défis de gestion que pose l’innovation contemporaine. Bien que peu étudiées dans les sciences de gestion, ces industries apparaissent de nos jours comme un véritable laboratoire naturel d’expérimentation de nouvelles pratiques de gestion, adaptées à un environnement turbulent et en évolution permanente.
Avec pour objectif de mieux comprendre le paradoxe que suppose la création organisée, cette thèse se propose d’explorer la notion de « routine » en questionnant « ses origines, ses caractéristiques et ses effets » dans le cadre des industries de la création. Les termes de « routine » et de « création » renvoient en apparence à des univers opposés : la routine repose sur une forme de standardisation et de stabilité des comportements, alors que l’activité de création suppose dans son cours une forte incertitude et des variations. Les « routines de la création » recouvrent néanmoins une réalité concrète à la fois sur le plan individuel et organisationnel : la journée d’un créateur s’organise autour de repères et de rituels et par leur nature, les « industries » de la création utilisent des dispositifs comme les processus et les structures pour organiser la création collective. Pour ce faire, cette thèse étudie la « formation » comme dispositif de transfert de routines que nous explorons à travers trois études de cas : la formation des artistes au Cirque du Soleil, des game designers chez Ubisoft et des écuyers à l’Académie du spectacle équestre de Versailles.
Cette étude nous amène donc à défendre l’idée que non seulement il n’y a pas de contradiction entre création et routine, mais que la transmission de routines de la création contribue à la capacité de l’organisation à intégrer une forme de flexibilité propice à la création. Trois principaux résultats supportent cette idée. Premièrement, on observe que l’organisation porte une vision singulière d’un créateur qui se traduit par des dispositifs de recrutement et de formation particuliers. Deuxièmement, nous avons pu caractériser les routines de la création à travers une typologie: les macro-routines qui s’avèrent des courroies de transmission de la vision du créateur et qui soutiennent et préservent l’identité des créations de l’entreprise, et les micro-routines qui impulsent le changement dans l’entreprise en procurant des espaces d’expression pour les talents. Troisièmement, il apparaît que la transmission de ces routines est une source de la « résilience » de l’entreprise en matière de création, c’est-à-dire d’une capacité à perdurer et multiplier les coups d’éclat à travers le temps.
Mots clés : industries de la création, routine, formations, transmission, résilience
Pierre-Jean Benghozi | Professeur Ecole polytechnique - | |
Patrick Cohendet | Professeur, HEC Montréal | Rapporteur |
Isabelle Huault | Professeur, Université Paris Dauphine | |
Caroline Jeanteur | ||
Claude Paraponaris | Professeur, Lest | Rapporteur |
Thomas Paris | Directeur de Recherche CNRS, Professeur associé Ecole polytechnique | Directeur de thèse |