Soutenance de Camille Toussaint
Gérer en commun un problème complexe d’échelle planétaire ? Le cas des débris spatiaux
Thèse soutenue le 8 décembre 2022 à 14h, au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Salle L202, 1 rue Descartes 75005, Paris
Résumé :
Les problèmes complexes à l’échelle planétaire ou grand challenges présentent une difficulté dans l’organisation de l’action collective, compte tenu de leur complexité, de leur multidimensionnalité et de l’hétérogénéité de leurs parties prenantes dont les intérêts divergent. Cette thèse s’interroge sur les modes de gestion mis en œuvre par les acteurs impliqués pour faire face à ce type de situation empirique. Pour répondre à cette question, la recherche menée se concentre sur le cas des débris spatiaux, dont la multiplication sur les orbites terrestres menace aujourd’hui la poursuite des activités spatiales. L’utilisation d’un design de recherche flexible est nécessaire pour étudier ce cas singulier et complexe, selon différents niveaux d’analyse et à travers plusieurs approches méthodologiques. La recherche s'appuie sur l’élaboration de scénarios de gestion, l’analyse de discours et des études de cas sur un secteur d’activité, une firme ou un évènement scientifique récurrent. L’articulation des méthodes de narration et de description permet de mettre en avant différentes dimensions du problème, qui peut être envisagé sous l’angle de la régulation, du marché, ou des communs. L'analyse successive de ces trois modes de gestion fait apparaître plusieurs ensembles de résultats. Premièrement, la gestion du problème repose sur la mise en place d’un système polycentrique organisé autour de plusieurs centres de régulation coordonnés entre eux par la circulation des règles et des individus. Deuxièmement, la prolifération des débris spatiaux suscite l’émergence d’un nouveau marché d’intérêt collectif, qui entraîne la mise en place de différentes stratégies d’acteurs et un jeu dynamique entre plusieurs catégories de marché. Troisièmement, la communauté d’experts, appelés « commoneurs globaux » en raison de la relation affective qu’ils entretiennent au problème, joue un rôle central notamment dans la production de connaissance et dans sa diffusion. Enfin, cette connaissance est au cœur de l’organisation de l’action collective et vise à orienter le comportement des acteurs, tout en prenant des formes variées. L’ensemble de ces résultats permet d’identifier le ”commoning global” comme un nouveau mode de gestion des problèmes complexes à l’échelle planétaire. La thèse vient enrichir la théorie des communs en précisant les modes de coordination du polycentrisme, et en transposant la notion de commoning à l’échelle globale ; elle contribue aux recherches sur les grand challenges en soulignant l’importance de la dimension affective des individus impliqués.
Mots clés : grand challenges ; communs globaux ; gouvernance polycentrique ; émergence de marché ; commoning ; espace durable
Composition du jury :
Aurélien Acquier | Professeur, ESCP Business School | Rapporteur |
Christina Garsten | Professeur, Uppsala University, SCAS, SCOR, Stockholm University, Stockholm School of Economics | Rapporteure |
Franck Aggeri | Professeur, MINES ParisTech, PSL University (i3-CGS) | Examinateur |
Diane-Laure Arjalies | Professeur associé, Ivey Business School, Western University | Examinatrice |
Nathalie Raulet-Croset | Professeur, IAE de Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne | Examinatrice |
Hervé Dumez | Professeur, École polytechnique (i3 - CRG), CNRS, IP Paris | Directeur de thèse |