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Mesurer l’impact de l’ISR

Nicolas MOTTIS est Professeur à l’École polytechnique au Département MIE et est également Directeur Académique de l’Executive Master. Ses recherches, menées depuis septembre 2016 au sein d’i3-CRG, portent sur le pilotage des performances des entreprises et sur la gestion de projets dans des contextes de haute technologie. Il est auteur de plusieurs ouvrages et de nombreuses publications académiques et professionnelles dans ces domaines.

 

Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?

Derrière les formules généreuses, la responsabilité sociale de l’entreprise pose aujourd’hui de nombreux problèmes techniques. Ce projet porte ainsi sur une question clé toujours non résolue de l’investissement socialement responsable : comment évaluer l’impact réel en termes de performances sociales, environnementales et de gouvernance des actifs financiers gérés par les grands acteurs des marchés financiers (banques, compagnies d’assurances, fonds d’investissement...) dans le cadre d’une politique dite « responsable ». Suite aux différentes COP ou du fait de régulations nationales (Grenelle, Article 173 en France par exemple), de nombreux acteurs du secteur financier essaient de mieux intégrer ces critères extra-financiers de performance dans leurs objectifs, mais il est encore très difficile d’évaluer l’impact réel de ces pratiques. Cela devient encore plus sensible dans le contexte du « label public ISR » développé par le gouvernement français pour rassurer les épargnants. Etant membre du comité scientifique de ce label, je participe depuis longtemps aux débats associés. Le projet s’inscrit dans cette perspective avec l’objectif de proposer des pistes d’amélioration du label. Il a consisté à monter un groupe de travail qui associe environ 25 acteurs clés de la place financière parisienne engagés sur l’ISR.

Quelles évolutions voyez-vous pour ce projet ?

Ce groupe de travail remettra ses conclusions à l’automne 2018. Il fonctionne selon des principes « d’open innovation » : forum large autour de quelques questions structurées, analyse de ce qui se fait ailleurs, approche multi-stakeholders, volonté de déboucher rapidement sur des recommandations concrètes, etc. Il va également réaliser des enquêtes visant à identifier les meilleures pratiques et mieux caractériser les situations existantes. Sur le plan empirique, le projet couvre des enjeux majeurs pour l’économie et l’environnement et pourrait contribuer à aider l’éco-système français de la finance responsable, qui est très en pointe au niveau mondial, à innover encore davantage. Sur le plan théorique, la question de l’impact est au croisement de différentes disciplines et c’est un champ de publication relativement nouveau.

 

Propos recueillis par Marie Claude Cléon