Défis stratégiques et organisationnels de la transition énergétique
Présentation de l'interviewée : Julie Mayer, a rejoint i3-CRG dans le cadre d’un post-doc de six mois, après une thèse soutenue à l’Université Paris-Dauphine fin 2017, sur la gestion de l’attention aux risques. Elle souhaitait entamer une recherche autour des enjeux organisationnels et stratégiques liés à la transition énergétique. Plusieurs projets sont en cours et d’autres ont été lancés autour des problèmes managériaux au cœur de cette transition, à différents niveaux (le secteur de l’énergie, les stratégies des acteurs institutionnels (firmes, pouvoirs publics, et autres), le comportement des acteurs individuels. Enfin, un groupe de travail thématique a été lancé, afin d’échanger autour des projets de recherche liés au management de la transition énergétique.
Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
Je travaille actuellement, avec Élodie Gigout et Hervé Dumez, sur les controverses liées au développement de l’autoconsommation d’électricité. Au niveau des quartiers, des immeubles, des maisons individuelles, il devient possible de consommer l’énergie électrique que l’on produit, grâce par exemple à des panneaux photovoltaïques. Le mouvement s’inscrit dans une tendance d’ensemble de la société et de l’économie allant vers les circuits courts : on peut parler d’« électricité potagère ». Mais de multiples tensions apparaissent, entre quête d’un consensus institutionnel et divergences d’intérêts des acteurs économiques de la filière. Comment ces tensions peuvent-elles se gérer ? Pour répondre à cette question, nous menons une série d’entretiens avec les acteurs clés de la filière électrique (producteurs, distributeurs, régulateur, consommateurs, etc.), et analysons la documentation publiée sur le sujet. Il s’agit à la fois de recenser et de typifier les tensions et d’identifier leurs modes de gestion.
Quelles évolutions voyez-vous pour ce projet ?
À terme, notre ambition est de construire et de porter un agenda de recherche autour des problématiques managériales de la transition énergétique. Bien que ces dernières soient nombreuses, les sciences de gestion s’en sont jusqu’ici peu emparées. Pourtant, la transition énergétique constitue un contexte empirique à même d’enrichir les théories existantes. Il faut en parallèle établir un dialogue entre deux mondes, celui de l’ingénieur et celui du gestionnaire : en cela, le CRG constitue le lieu idéal pour développer cette thématique de recherche
Propos recueillis par Marie Claude Cléon