Ruptures technologiques et dynamiques industrielles, le cas du Véhicule Electrique (VE)
Entretien de Marc ALOCHET, doctorant à i3-CRG et encadré par Christophe MIDLER.
Après 35 ans d’activité professionnelle dont 30 dans l’automobile au sein de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, j’ai décidé de faire une thèse pour prolonger et enrichir des travaux autour de l’industrialisation des VE. Compte-tenu de la renommée des travaux d’i3-CRG dans l’automobile et, plus particulièrement sur le terrain de Renault, il m’a paru naturel de présenter mon projet dans ce cadre-là ; c’est comme cela que je suis devenu doctorant en septembre 2017.
Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
L’existence d’un nouveau paradigme d’une mobilité durable et partagée est largement admise ; le VE (connecté et autonome) y joue un rôle central comme moyen de mobilité urbaine. Par ailleurs, les constructeurs ont augmenté l’autonomie des véhicules existants (doublée pour ZOE en quatre ans) et annoncent des autonomies importantes (environ 600 km) pour les véhicules lancés dans les prochaines années. Enfin, le concept d’un VE low-cost reste largement à construire. Alors que, tous ces éléments indiquent que le VE pourrait quitter la zone des technologies éternellement émergentes, l’industrialisation des VE n’a pas encore fait l’objet de recherches significatives. Après avoir décrit le dominant design de l’industrialisation des véhicules (incluant la chaîne de valeur), nous voulons identifier, grâce à des études empiriques, de véhicules déjà commercialisés, des scénarios d’industrialisation des VE. Il s’agira alors d’en décrire les critères de performance puis d’en déduire une métrique permettant d’étendre l’étude comparative à d’autres véhicules, d’autres projets. Nous chercherons, aussi, s’il existe des stratégies d’industrialisation différenciées entre les entreprises suivant leur stratégie produit et/ou leur statut (constructeur historique, nouvel entrant). Une étude approfondie des business models, des concepts des VE ainsi que des connaissances de la conception automobile (méthode C-K) permettra d’identifier les ruptures à venir et d’en évaluer les impacts sur les systèmes industriels. Enfin, tous les impacts, sur la chaîne de valeur, de la production de VE ne sont pas encore visibles, cela fera l’objet d’une étude particulière.
Quelles évolutions voyez-vous pour ce projet ?
Le sujet a été identifié comme un « research gap » et ouvre la voie vers un nouveau champ de recherche. Étant très lié à la réalité industrielle du développement des VE à venir, il sera aisé d’en vérifier et enrichir les conclusions. Enfin, le lancement d’une thèse dédiée au business model du véhicule autonome ainsi que des travaux post-doc sur la filière de l’hydrogène renforcent les activités liées à l’automobile et permettent des travaux croisés de grand intérêt au sein du CRG et de i3.
Propos recueillis par Marie Claude Cléon