Soutenance d'Arnaud Lacaze
La police de souveraineté : un clergé de l'état
Thèse de doctorat ès sciences de gestion soutenue le 4 décembre 2007.
Résumé :
« Faire la police », c'est d'abord protéger les personnes et garantir la paix publique ; il y a donc dans la mission et le fonctionnement même de la force publique quelque chose qui touche à la chair et au sacré.
Au-delà du thème récurrent, politicien ou journaliste, de l'insécurité, les ressorts spécifiques du management de la police font l'objet d'un nombre réduit de travaux de recherche.
Pourtant, la police de l'ordre française est un modèle de stabilité et d'efficacité. Des baillis et sénéchaux d'hier, aux CRS et gendarmes mobiles d'aujourd'hui, la police de souveraineté a permis pendant des siècles à l'Etat d'exister en tant que tel, d'exercer non seulement ses missions les plus cruciales mais aussi d'assurer sa propre pérennité.
La thèse se propose de mettre en lumière les principaux déterminants du fonctionnement vertueux et inoxydable de cette police de souveraineté.
Ce management s'appuie sur un puissant édifice symbolique et s'inscrit dans une trilogie mythe-rites-tribu, avec l'État comme mythe.
Cette mécanique identitaire pourrait bien, d'une part, faire école dans d'autres domaines du management public et montre, d'autre part, les limites sinon les dangers d'un plaquage, sur ces services investis de missions particulières (car ayant pour objectif de protéger le citoyen et la Nation, mission régalienne qui confine au sacré), des idéologies managériales du main stream comme le management par objectifs.
Les facteurs particuliers de la gestion de la police de l'ordre présentent quelques avantages en termes de mobilisation des personnels, d'encadrement de leur action, de préservation d'une éthique mais ne sont, en effet, pas solubles dans la LOLF, le management par objectifs et les idéologies gestionnaires dérivées.
Aux idéologies gestionnaires actuelles qui postulent que tous les services de l'État peuvent et doivent entrer dans les cadres managériaux vertueux de l'entreprise, nos travaux répondent avec une hypothèse alternative : la gestion de la force publique « à la française », appuyée sur un mythe et une solide fabrique du sens, est un puissant levier managérial, susceptible de faire école pour le management public mais aussi privé.
Mots clés :
Composition du jury :
Michel Berry | Directeur de thèse | |
Didier Cultiaux | ||
Philippe d'Iribarne | ||
Frédéric Ocqueteau | Rapporteur | |
Claude Riveline | Rapporteur |