Tonomètre
Tonomètre de Scheibler ou série de diapasons de Scheibler sur un socle vitré
[Paris : R. Koenig, 1858-1878]
H. 42 x P. 53 x L. 71 cm
MH E1 52
Johann Heinrich Scheibler (1777-1838), fabricant de soie en Prusse et passionné de musique, imagina un système afin d’accorder les pianos et orgues de façon plus aisée, en utilisant le phénomène des battements découvert par Joseph Sauveur (1653-1716).
Quand on produit simultanément deux sons graves dont les nombres de vibrations diffèrent peu l'un de l'autre, on entend des alternatives de force et de faiblesse qui se succèdent à intervalles égaux. Si ces alternatives sont assez rapprochées, les coups de force sont seuls distincts, et l'on a le phénomène des battements. C'est en se servant de cette théorie que Scheibler a imaginé un procédé pour accorder les orgues. Il dispose pour cela de séries de diapasons à fourchette, de manière à donner, non les sons exacts de la gamme tempérée que l'on veut obtenir, mais d'autres sons qui en diffèrent assez pour donner avec ceux-ci quatre battements par seconde. Il suffit alors de modifier peu à peu le son du tuyau d'orgue, jusqu'à ce qu'il produise, en se combinant avec le son de la fourchette, ce nombre de battements. Pour réaliser cette expérience, un appareil nommé tonomètre fut construit par Rudolph Koenig. Koenig (1832-1901), physicien français d'origine allemande, avait fondé à Paris des ateliers de fabrication d'instruments de musique. Il s'intéressa beaucoup à la vitesse des sons, aux mouvements vibratoires, au diapason normal....
Le diapason avait été imaginé en 1711, en Angleterre par John Shore, trompette du roi Georges. En 1859, une commission internationale décida que le diapason normal devait fournir 870 vibrations à la seconde, à la température de 15°. Le tonomètre consiste en une série de 66 diapasons montés sur caisse, allant de ut2 (512 vibrations) à ut4, échelonnés de huit en huit vibrations, et pouvant faire entendre des battements pendant plus d'une minute et demie. Avec cette méthode, il n'y a qu'à compter, et non à faire appel à la justesse de l'oreille.
L’appareil conservé à Polytechnique comprend six séries de 12 diapasons sous vitrine. L'ensemble des diapasons sont numérotés et signés de l'initiale K de Koenig. Seuls quatre diapasons ne sont pas numérotés, deux d'entre eux portent les initiales J-L.