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Réguler le bruit marin: conseils pour les pouvoirs publics et les industriels

L’Observatoire de l’innovation responsable, think tank international dépendant de l’Institut interdisciplinaire de l’innovation dont fait partie l’École polytechnique, a publié un position paper sur l’impact du bruit dans les océans à destination des pouvoirs publics français et européens ainsi qu’aux industriels concernés.

Que sait-on des effets du bruit sur l’ensemble de la faune marine, depuis les baleines jusqu’aux calamars géants en passant par les poissons et autres animaux marins ? C’est autour de cette question qu’Héloïse Berkowitz, post-doctorante, et Hervé Dumez, directeur de recherche CNRS à l’Institut interdisciplinaire de l’innovation (École polytechnique / CNRS / MINES ParisTech / Télécom ParisTech) ont décidé d’animer la réflexion en organisant un cycle de conférences en vue d’échanger avec les industriels et les responsables administratifs nationaux ou européens sur la manière de développer des solutions innovantes.

Des solutions à la disposition des pouvoirs publics
Suite à ce cycle de conférence, Héloïse Berkowitz et Hervé Dumez ont coordonné un position paper, intitulé « Racket in the oceans : why underwater noise matters, how to measure and how to manage it », qui synthétise les questions liées au problème du bruit dans les océans et constitue une référence pour les actions et régulations à adopter. En effet, la gestion du bruit marin implique une multiplicité d’acteurs de statuts très divers (États, entreprises de différents secteurs, scientifiques, ONG) qui doivent partager leurs connaissances et élaborer collectivement des solutions.

Le déploiement de techniques, tel que le propose le position paper, dans les trois industries concernées que sont l’industrie pétrolière, les énergies renouvelables et les navires par un système de régulation et d’incitation doit ainsi permettre de rendre l’activité humaine sur et dans les océans moins bruyante et de mieux protéger les animaux.

Les océans, un enjeu crucial pour l’avenir de la planète
Les océans représentent plus de 70% de la surface de la planète. Si certains sujets touchant les océans ont été fortement médiatisés, comme l’acidification, le plastique, ou la surpêche, un sujet encore peu visible et pourtant essentiel est en train d’émerger : le bruit marin.
Les perturbations sonores sont classées en deux catégories : les émissions acoustiques de forte intensité ou impulsives (sonars, explosions, etc., qui sont de durée limitée) et les émissions continues (en général de plus faible intensité mais durables, comme le bruit du trafic maritime). Les nuisances de ces émissions peuvent être comportementales et induire de hauts niveaux de stress pour beaucoup d’espèces (mammifères ou poissons) conduisant à la fuite, l’évitement ou la panique. Les cas les plus connus car les plus visibles sont les échouages de baleines à bec en raison des ondes sonars mais le savoir scientifique reste encore insuffisant dans ce domaine. Les conséquences peuvent aussi être physiologiques (surdité, embolies, etc.) et aggraver ainsi le taux de mortalité des animaux marins.

Or, la multiplication des sites d’extraction off-shore, l’explosion du trafic maritime mondial, l’augmentation du nombre de bateaux de croisière, l’émergence des Energies marines renouvelables (EMR) augmentent dramatiquement les pressions anthropiques liées au bruit dans les océans.

Comment gérer ce problème dès lors qu’une multitude d’acteurs est en jeu ? Le sujet pose à la fois des questions technologiques et organisationnelles.

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Présentation de l’Observatoire pour l’innovation responsable
L’Observatoire pour l’innovation responsable est un think tank international indépendant, créé afin de réfléchir et de débattre sur de nouveaux concepts, mesures, et méthodes destinés à encourager l’innovation responsable. Il est rattaché à l’Institut interdisciplinaire de l’innovation (CNRS/École polytechnique/ MINES ParisTech / Télécom ParisTech).
L’approche développée par ce think tank est fortement liée à la notion d’innovation comme étant à la fois pleine de promesses mais aussi d’écueils et de dangers, c’est-à-dire d’externalités négatives, ce qu’illustre la question des océans. La philosophie du think tank est aussi ancrée dans les questions de démocratie technique. L’objectif principal n’est pas la recherche mais l’organisation du débat, l’animation politique et la médiatisation de ces questions.