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Deux chercheurs de l’X récompensés par des médailles du CNRS

Les médailles du CNRS sont des distinctions qui visent à récompenser chaque année les chercheurs et les agents qui contribuent de manière exceptionnelle au dynamisme et à la renommée de l'institution. La médaille de bronze récompense le premier travail d'un chercheur prometteur dans son domaine tandis que la médaille d'argent est remise, au début de leur ascension, à des chercheurs déjà reconnus sur le plan national et international.

Mathieu de Naurois – Médaille d’argent 2018 de l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules

Directeur de recherche au Laboratoire Leprince Ringuet et professeur chargé de cours à l’École polytechnique, Mathieu de Naurois a travaillé dès le début de sa carrière sur l’expérience HESS qui étudie les phénomènes les plus violents de l’univers. HESS, pour High Energy Stereoscopic System, est un réseau de télescopes Tcherenkov qui détecte les traces du passage de rayons gamma dans l’atmosphère terrestre. Ces rayons extrêmement énergétiques (du GeV au TeV) sont émis par des objets très actifs tels que l’onde de choc d’une supernova, les nébuleuses à vent de pulsar, ou encore des systèmes binaires contenant une étoile à neutron ou un trou noir. Les rayons gamma traversent  l’espace et peuvent être captés à proximité de la Terre.

« Heureusement pour nous, ils se désintègrent dans la haute atmosphère qui nous en protège » explique Mathieu de Naurois. « Nous n’observons pas directement ces rayons mais plutôt la cascade de particules issue de leur désintégration à 10 000m d’altitude ». Le réseau de télescopes, situé à 2000m d’altitude dans le désert de Namibie, détecte une lumière bleue qui est émise par effet Tcherenkov lorsque ces particules traversent l’atmosphère à une vitesse proche de celle de la lumière dans le vide.

Mathieu de Naurois faisait partie de la poignée de chercheurs qui ont démarré l’expérience HESS en 2002. Aujourd’hui, il est directeur de cette expérience internationale qui rassemble plus de 200 chercheurs de 14 pays. « C’est un travail de groupe, rappelle le chercheur, et cette médaille du CNRS permet de donner de la visibilité à l’astronomie des rayons gamma très énergétiques ». Cette récompense est une reconnaissance de son parcours et de son engagement dans l’expérience, mais aussi de ce domaine émergeant qui a ouvert une nouvelle fenêtre sur l’espace, révolutionnant notre compréhension de phénomènes astronomiques jusque-là méconnus.

Maks Ovsjanikov – Médaille de bronze 2018 de l’Institut des sciences de l'information et de leurs interactions

Maks Ovsjanikov, chercheur du Laboratoire d’informatique de l’X (LIX), travaille sur l’analyse et le traitement des données complexes et plus particulièrement de données géométriques. L’enjeu de ses recherches est de trouver des méthodes informatiques pour comparer les objets en 3D. Ces méthodes permettront par exemple d’effectuer une recherche sur le Web à partir de la géométrie 3D des objets, une façon de faire qui se compare aux recherches Web effectuées à partir de textes ou de mots clés. Maks Ovsjanikov a ouvert et développé de nouvelles voies de recherche pour l’analyse et la correspondance entre les formes avec des opérateurs fonctionnels. Il a montré que le cadre fonctionnel qu’il a introduit peut être utilisé dans diverses tâches de traitement de la géométrie, incluant l’exploration entre formes (implanté par Disney Research) et la simulation de fluides (exploité par Pixar).

Originaire de Lettonie, Maks Ovsjanikov est titulaire d’un doctorat en ingénierie des mathématiques et de l’informatique de l’Université Stanford. Après un passage chez Google, il a rejoint en 2012 le LIX où ses travaux ont été financés par une chaire d’excellence du CNRS et par la chaire professorale Jean Marjoulet de l’École polytechnique. En 2017, il a obtenu une bourse Starting Grant du Conseil européen de la recherche (ERC), visant à soutenir des chercheurs prometteurs pour les aider à  constituer leur propre équipe de recherche afin de se hisser au rang de leaders de la recherche.

Cette médaille de bronze du CNRS est une confirmation au niveau national de l’intérêt scientifique pour ses travaux. « Je travaille dans un domaine appliqué dans lequel on peut avoir l’impression qu’il y a plus d’ingénierie que de sciences, souligne le chercheur. Cette récompense est un signe pour la communauté de l’informatique graphique et du traitement de la géométrie que la science y est bien présente et reconnue ». Avec cette récompense, Maks Ovsjanikov espère ainsi attirer des étudiants et des post-doctorants dans ce domaine où les talents sont bienvenus pour renforcer les équipes de recherche.