Le sujet à l'oeuvre
Daniel Argelès, Meghann Cassidy, Anne-Marie Jolivet, Heidi Knörzer, Véronique Pauly (dir.), Le sujet à l'oeuvre. Choix formels, choix politiques dans les arts, la littérature et les sciences humaines, Editions de l'École Polytechnique, 2018.
Les auteurs de cet ouvrage collectif enseignent ou ont enseigné au département Langues et Cultures de l’École polytechnique. Ils sont membres du GRICH, le Groupe de Recherche « Identités, Cultures, Histoires ».
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En soulignant que la forme a un contenu, le titre d’un des ouvrages de Hayden White (The Content of the Form) fait écho aux thèses avancées par Theodor W. Ardorno dans sa Théorie esthétique, selon lesquelles « ce qu’un artiste peut dire, il ne le dit (…) que par la mise en forme (Gestaltung) ». Mieux : en se confrontant aux contenus « sédimentés » dans les formes, l’artiste, mais aussi l’écrivain ou l’intellectuel, se confronte à la société.
C’est en partant de ce postulat que les auteurs des contributions rassemblées dans cet ouvrage pluridisciplinaire se sont donné pour objectif d’observer la façon dont un sujet peut se constituer face à l’histoire et la société par la forme qu’il donne à une production artistique, intellectuelle ou scientifique. Loin de vouloir fétichiser la forme, il s’agit avant tout d’en faire un point d’entrée pour analyser le travail par lequel un sujet émerge, s’élabore, se perd, s’affirme, se cherche dans un processus de création où le politique, le social, l’épistémologique et l’intime se mêlent indissociablement.
Dans cette optique, le lecteur trouvera ici autant des réflexions sur l’émergence de la subjectivité dans la peinture et la musique médiévales qu’il pourra voir comment les choix formels de chercheurs en sciences humaines comme l’ethnologue Michel Leiris, l’historien Saul Friedländer ou encore le philosophe Michel Foucault relèvent d’un positionnement politique, intellectuel et personnel. Il pourra également suivre des écrivains comme Karl Kraus, Vladimir Nabokov, Jorge Semprun ou Ursula Le Guin dans un travail sur la forme qui leur permet de préserver une place au sujet face aux désastres historiques du XXe siècle ou aux interrogations de la postmodernité – fût-ce justement en lui retirant le dernier mot.
Comme le parallélisme des titres l’indique, cette deuxième publication du groupe de recherche « Identités, cultures, histoires » (GRICH) du département Langues et Cultures de l’École polytechnique s’inscrit dans la continuité des premiers travaux du groupe (cf. Le détail à l’oeuvre. Individu et histoire dans la littérature, les arts et les discours, également aux Éditions de l’École polytechnique).