Langue des signes français
1. Une démarche d’ouverture
La Langue des Signes Française, pratiquée par 170 000 personnes dans le monde dont 100 000 en France , est une voie d’accès vers toute une population dont elle est la langue maternelle. La maîtrise, ou au moins la connaissance partielle, de cette langue par les futurs cadres des entreprises française serait un pas vers l’inclusivité de celle-ci vis-à-vis des nombreux ingénieurs et professionnels sourds de France1. En 2015 en France, 69,9% des employés souffrant de troubles d’audition déclarent avoir des problèmes de communication. Plus d’un tiers des sourds et malentendants souffrent de détresse psychologique au travail soit 6 fois plus que la moyenne de la population générale. Il est évident qu’une meilleure connaissance de leur langue maternelle , la seule qu’ils peuvent pratiquer à l’oral, au sein du monde professionnel serait essentielle à la lutte face à ce chiffre alarmant.
2. Un intérêt linguistique et intellectuel
La Langue des Signes Française présente également, dans son fonctionnement comme dans son enseignement, de nombreuses vertus associées. En effet, la pratique d’une langue gestuelle développe, comme celle d’un sport ou d’un instrument de musique, des compétences psychomotrices bien particulières et donc des connexions neuronales et un soutien à la pensée complexe. Au-delà de cela, la pratique de la LSF demande un réel effort d’abstraction et de vision dans l’espace , qui ne peut être que bénéfique à la pratique des sciences et à la communication en général. Ensuite, la LSF demande un effort d’attention tout particulier, axé sur la vision et la communication non-verbale, bien au-delà des signes en eux-mêmes qui peuvent être considérés comme une communication “verbale”. La pratique d’une langue signée permet donc le développement de capacités d’analyse et de communication réellement universelles. Enfin, la LSF, par sa grammaire et la culture propre à la population sourde qui l’accompagne, porte un réel intérêt linguistique. Comme toute langue, et plus encore par son fonctionnement très spécifique, la LSF permet de développer de nouveaux schémas de pensée, de s’approprier une culture riche et complexe.
3. Une pratique en développement
L’enseignement de la LSF fait partie des 8 enseignements complémentaires proposés pour le nouveau programme du lycée3, à raison de trois heures par semaine pendant trois ans. Elle est, par ailleurs, une option au baccalauréat depuis 2008. Les cours proposés à Telecom aux étudiants d’IPParis apporteront leur contribution à ce développement.