C'est avec émotion et grande tristesse que nous avons pris connaissance du décès de Claudine Hermann, survenu le 17 juillet 2021 dans sa soixante-seizième année, suite à une longue maladie qu'elle a combattue avec un courage exceptionnel.

Issue de l'École normale supérieure de jeunes filles, agrégée de physique (1969), elle soutient en 1976 sa thèse intitulée "Pompage optique dans l'antimoniure de gallium : détection optique de la résonance électronique", à l'université Paris VI et obtient le titre de docteur d'État ès sciences.

Maître de conférences au département de  physique de l'École polytechnique depuis 1980, Claudine fut nommée professeure en 1992 devenant ainsi la première femme à un poste professoral à l'X. Depuis 2005 elle était professeure émérite.

Elle fut vice-présidente du département de physique de 1985 à 1992. Ses enseignements, très appréciés par ses élèves et par les collègues qui avaient le privilège de collaborer avec elle, portaient en particulier sur la physique statistique, la physique des semi-conducteurs, et plus généralement de la matière condensée et de la physico-chimie. Trois livres ont paru suite à son travail pour l'enseignement.

Claudine Hermann a effectué ses activités de recherche au Laboratoire de physique de la matière condensée à l'Ecole. Elle a travaillé entre autres sur le pompage optique dans les semi-conducteurs, la photo-émission  d'électrons polarisés et l'optique en champ proche. Ses mesures et calculs des facteurs de Landé de semi-conducteurs, en collaboration avec G. Lampel et C. Weisbuch, ont eu un retentissement important dans la communauté, suite à leurs résultats inattendus. Elle était directrice-adjointe du Laboratoire pendant de longues années.

Claudine s'est particulièrement engagée à promouvoir le rôle et l'implication des femmes dans la science. En 2000, elle est membre fondatrice et première présidente de l'association Femmes & Sciences, plus tard elle en devient présidente d'honneur. De même elle est la première présidente (en 2005) de la Plateforme européenne des femmes scientifiques. Ces activités l'incitent à collaborer au plus haut niveau avec des instances politiques nationales et européennes. La République reconnaît ses mérites exceptionnels en l'élevant à la dignité de Grand officier de la légion d'honneur en 2015.

Ceux qui ont connu Claudine personnellement savent bien que sa carrière hors du commun ne suggère guère une image pertinente de sa personnalité. Elle était d'une profonde gentillesse, simple et noble en même temps dans ses manières, pleine de charme et pleine d'humanité. Telle qu'elle était, elle nous manquera.

Nos sincères condoléances s'adressent à ses proches, en particulier à son mari Jean-Paul, son fidèle accompagnateur lors d'innombrables événements sociaux, culturels et amicaux à l'X, et à ses trois fils Philippe, Denis et Alain (X1999).