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Nicolas Wanlin, Évolutionnisme et modèles d’interdisciplinarité : Haeckel, Quinet, Symonds et Spencer

Nicolas Wanlin, Évolutionnisme et modèles d’interdisciplinarité : Haeckel, Quinet, Symonds et Spencer, in A.G. Weber (dir), Belles lettres, sciences et littérature, Epistémocrique, 2015, p. 188-202.

 

Au cours du XIXe siècle, en France, mais aussi dans les autres pays occidentaux, le partage des disciplines se transforme. Non seulement la nomenclature des sciences change ainsi que le paysage des institutions qui ont en charge de les développer et les diffuser, mais la conception de la culture elle-même est modifiée. Si l’on entend par culture l’ensemble des savoirs et des pratiques qui se transmettent par tradition et s’enrichissent par les créations d’œuvres de l’esprit, cette culture est traditionnellement découpée en domaines dont chacun est régi par des règles, repose sur des valeurs et suppose des usages particuliers. Les domaines de la culture se superposent plus ou moins aux disciplines de l’esprit et en tous cas, les changements dans l’une supposent à plus ou moins long terme des réformes dans les autres, et vice-versa. On peut faire l’hypothèse qu’une invention culturelle telle que l’évolutionnisme, développée tout particulièrement dans la seconde moitié du XIXe siècle, n’a pas eu pour seul effet de modifier la structure interne du domaine des sciences de la nature mais a suscité une reconfiguration des relations entre différents domaines et notamment de nouveaux modèles d’interdisciplinarité entre sciences et lettres.


Belles lettres, sciences et littérature, Epistémocrique, 2015, 237p., ISBN 978-2-9814415-1-5

Etudes réunies par Anne-Gaëlle Weber

S’il existe désormais de nombreuses études sur la question des „deux cultures“ et des partages disciplinaires entre sciences et humanités, elles tiennent rarement compte de l’écart existant entre le décret de leur séparation et sa réalisation effective, qui n’a pas toujours pris des formes aussi définitives ou univoques qu’on le croit généralement. C’est l’ambition de cet ouvrage que de redessiner l’histoire des articulations de la science et de la littérature en prenant pour point de repère temporel l’apparition de la notion moderne de « littérature » et le remplacement progressif du système des Belles Lettres par une nouvelle organisation des disciplines de l’esprit. Les études de cas réunies ici dessinent une nouvelle histoire de la séparation des « deux cultures », qui tient notamment compte de l’extrême variabilité historique et culturelle des mots « science » et « littérature ». Peut-on échapper à l’illusion rétrospective lorsqu’on analyse, à partir de nos catégories présentes, les « sciences » et les « littératures » passées ? Convient-il de subsumer l’étude de leurs rapports sous des catégories plus générales, comme les « imaginaires », ou faut-il considérer que les liens entre science et littérature jouent un rôle spécifique pour l’histoire de chacune de ces disciplines, qu’elles sont archétypales de certaines évolutions culturelles ? Tout en ébauchant un certain nombre de réponses à ces questions, cet ouvrage suggère que le modèle contemporain de la spécialisation des disciplines savantes pourrait être nuancé, voire remodelé dans le sens d’une plus grande complexité.