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La conception innovante de service associés au produit dans l’industrie d’armement européenne
Entretien avec Alexis NICOLAY, doctorant à i3-CRG
Alexis NICOLAY est doctorant à i3-CRG depuis novembre 2014. Il y est encadré par Sylvain LENFLE. Sa thèse est réalisée dans le cadre d’une convention CIFRE passée entre l’École polytechnique et MBDA, le leader européen des missiles et systèmes de missiles. Elle est menée en coopération avec la Cambridge Service Alliance de l’Université de Cambridge (United-Kingdom) et s’inscrit dans la continuation et l’approfondissement des recherches menées dans le cadre du cursus de Master PIC (promotion 2014).
Avant son entrée en Master PIC, Alexis a obtenu une Licence en sciences politiques et un Master en finance et stratégies d’entreprise à Sciences-Po Paris. Ses expériences professionnelles sont largement orientées vers le secteur de la défense. Outre son poste actuel « d’ingénieur développement nouveaux services » au sein de MBDA, ses expériences passées couvrent l’industrie navale de défense, le conseil en stratégie (secteur aéronautique, espace, défense) ou encore la Cour des Comptes. Alexis est aussi officier de réserve dans la Marine Nationale depuis 2011.
Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?
Ma thèse s’intitule « la conception innovante de services associés au produit dans l’industrie d’armement européenne ». L’innovation est au cœur de l’industrie d’armement depuis qu’elle s’est structurée, au sortir de la première guerre mondiale, dans ce qu’on l’appelait le « complexe militaro-industriel ». Avec le développement des technologies de l’information et de la communication et l’internationalisation des échanges, le très hermétique complexe militaro-industriel s’est ouvert à des acteurs divers : laboratoires de recherches, partenaires européens et internationaux, industriels privés, etc. Toujours pour garder un haut niveau d’innovation « produit ». Parallèlement, et pour répondre aux mutations des besoins des armées, la « servitisation » des industries manufacturières atteint aujourd’hui l’armement. Elle se traduit par un passage de la recherche de produits (répondant à des spécifications), à la recherche de solutions au sens large (répondant à des besoins et pouvant ou non inclure un produit).
Adapter les avancées théoriques existantes en « servitisation » à l’industrie d’armement et développer de nouveaux concepts spécifiques mais pouvant être adaptés aux autres industries sont les deux objectifs de ma thèse. L’un comme l’autre visent à permettre la continuation de la tradition d’innovation dans l’industrie d’armement.
Pour atteindre ces deux objectifs, ma thèse s’appuie sur la complémentarité des domaines d’excellence du CRG, sur les stratégies de conception et l’innovation, et de la Cambridge Service Alliance (Université de Cambridge) sur la « servitisation ». Lors d’un visiting PhD de six mois, j’ai pu prendre la mesure de l’état de l’art dans ce dernier domaine. J’ai également pu confirmer la pertinence du sujet retenu pour ma thèse et identifier des axes prioritaires de recherche.
Quelles évolutions voyez-vous pour ce projet ?
Le Royaume-Uni est sans conteste le pays pionnier et encore à ce jour le plus avancé dans les services de défense. Dans les dernières décennies, de nombreux services de grande ampleur ont vu le jour outre-manche. Ils concernent aussi bien la formation des pilotes que la fourniture de missions de ravitaillement en vol ou encore de services de télécommunications.
Lors de mon visiting PhD à l’Université de Cambridge, j’ai pu développer quatre cas d’études de services de défense. Ils sont structurés autour de recherches d’archives et d’interviews d’acteurs clés de ces services. Ces cas d’étude ont permis de dégager un certain nombre de bonnes pratiques et de risques majeurs lors de la conception de service. Ils ont également servi de base au développement d’un cadre théorique.
De retour en France, l’objectif est aujourd’hui de confronter ces quatre cas d’étude de services anglais à des services ou projets similaires en France. Cette comparaison doit permettre de mieux valider les bonnes pratiques et les risques, d’en identifier de nouveaux et d’approfondir le cadre théorique.
Tous ces éléments sont directement mis en pratique et testés dans le développement de nouveaux services en « conditions réelles » au sein de MBDA.
Propos recueillis par Marie-Claude Cléon
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