Développement durable
et Xavier Lagurgue.
Comprendre et encourager les métamorphoses urbaines, documenter des cultures de transition.
Adossés au département HSS, plusieurs PSC, centrés sur l'urbanisme, sont proposés pour l'année universitaire 2021-2022.
Ils permettent, sous l'angle du développement durable, de mener des études sur l'évolution des pratiques de construction et de conception des villes, mais aussi sur la transformation des modes de vie qui les accompagnent et les nouvelles connaissances qui les sous-tendent. Il est proposé ainsi d'enquêter en en priorité les pratiques de transition dynamiques, afin de les documenter, de les comprendre, d'en apprendre, d'y participer.
Les sujets évoluent lors des premières séances, et c'est bien ainsi : les pistes qui suivent sont donc des entrées en matière, des propositions qui correspondent aux programmes d'études dans lesquels les membres de l'équipe d'encadrement sont actuellement engagés.
Lors d'une première prise de contact, les groupes seront orientés vers l'enseignant le plus adapté.
Compenser l'urbanisation, est-ce possible ?
Le constat de l'artificialisation des sols est fait chaque année avec le décompte récurent de la disparition, sous l'urbanisation, de terres agricoles, forets, zones humides, etc...
Des évolutions réglementaires et législatives (le rapport Objectif Zéro Artificialisation Nette, la loi climat et résilience), engagent très progressivement (à l'horizon 2050), à compenser cette artificialisation par diverses mesures : telle est l'usage du mot "net".
Au-delà de l'inflation des discours qui entoure cette expression, ce PSC visera à décrypter ce qui se cache derrière l'usage du mot "net".
Que permet-il, comment et par qui sont mesurés les impacts de l'artificialisation ? Comment fonctionnent ces compensations ? Comment sont fabriquées les équivalences entre destructions et compensation, sur quelles données ?
Le plateau de Saclay, dont l'urbanisation fait un grand emploi du Z.A.N, sera le lieu idéal d'une telle étude, à partir des données produites par les aménageurs, les Bureaux d'études, les constructeurs, les associations ...
Autour d'un des défis énergétiques de la ville durable
Dans le domaine de l'énergie, la mise en œuvre de nouveaux réseaux, plus complexes, plus imbriqués, plus "intelligents", s'accompagne de nouveaux usages et de nouvelles cultures de production, d'achat et de consommation.
Il s'agit ici de se focaliser sur un domaine précis de transformation de l'organisation énergétique des villes, (production locale et autoconsommation, bâtiments à énergie positive et valorisation des excédents d'énergie, mutualisation et échanges d'énergie à l'échelle d'un quartier, …), pour comprendre les enjeux qui se construisent à la rencontre entre nouveaux dispositifs techniques, renouvellement des formes urbaines et évolutions des modes de vie urbains.
Le projet vise à étudier un domaine particulier, une innovation récente, pour mettre en évidence la manière dont ces nouvelles fabrications sont autant d'inventions au carrefour de compétences techniques, de montages économiques et de modes d'agencements urbains.
Les liens entre les domaines de la science et de l'ingénierie, du sensible, du culturel, (qui sont restés trop longtemps étrangers les uns aux autres) seront ici convoqués simultanément.
La vie du sol en milieu bâti
En 2020-2021, cinq de vos condisciples, Emilie Catel, Antonin Goutebroze, Mehdi Aiyad, Victor Mongay et Raphaël Ahssaïni ont ouvert un sujet de recherche intéressant pour un PSC concernant la résilience des sols à proximité du bâti. Comme le disait Aldo Léopold, ingénieur agronome, père de la politique américaine de conservation des grands parcs naturels, le sol est une fontaine d’énergie. C’est dans le sol que se bouclent les cycles notamment de l’eau, de l’azote et du carbone qui conditionnent l’ensemble des fonctionnements écologiques de notre environnement. L’expansion urbaine, phénomène global mais lisible localement sur le plateau de Saclay, par la construction de bâtiments et d’infrastructures, a pour effet d’impacter les sols dans leurs structures et dans leurs fonctionnements. Une prise de conscience est en cours qui, à l’instar de celle qui révéla la richesse du milieu marin au grand public des années 70, nous amène à considérer le sol comme un milieu en soi, un lieu de vie pour une multitude de petits animaux, de champignons, de bactéries qui conditionnent la vie en surface. On se pose la question de l’influence des bâtiments sur la capacité du sol à assurer son rôle dans l’écosystème selon deux dimensions, dans le temps et dans l’espace. Quelle est l’influence du bâti dans le temps, à quelle vitesse le sol redevient-il vivant à proximité d’un bâtiment après sa construction ? Dans l’espace, à quelle distance une construction impacte-t-elle la vie sous-terraine, quel est son périmètre d’influence ? Un PSC qui tenterait de renseigner ces deux dimensions donnerait de précieux renseignements aux écologues et aux architectes. Il pourrait également déboucher sur des propositions d’actions concrètes autour de l’école.
Bâtiment et cohabitations mutualistes
Walt Disney cohabitait avec une souris qui le rendit célèbre. Alors que l’expansion urbaine poursuit l’artificialisation des terres alentour, nos bâtiments exclusivement dédiés aux fonctionnements humains, bien que majoritairement faits de verre et de béton servent toujours d’habitat à une multitude d’êtres vivants dont nous ne nous soucions guerre tant qu’ils restent discrets où qu’ils n’occasionnent pas de dégâts. Qui sont-ils ? comment pourrions-nous tirer parti de leurs cohabitations fortuites et le plus souvent ignorées ? La nature nous enseigne que l’entraide, l’association ou le mutualisme constitue une modalité économique qu’elle privilégie à la concurrence chaque fois qu’elle en a l’occasion. Des bactéries aux oiseaux en passant par les araignées et les végétaux, qui sont les êtres vivants qui peuplent nos bâtiments et quels services (protection du bâti, isolation, assainissement, confort psychologique, …) peuvent-ils nous apporter dont nous pourrions favoriser l’occurrence ? Ce sujet pourrait concerner un PSC dédié à une ingénierie de la réconciliation, qui ciblerait une ou plusieurs espèces végétale ou animale et qui commencerait par des relevés et des mesures sur l’existant. Ce travail pourrait ouvrir sur des pistes inédites de collaboration entre le bâti et la nature.
A la recherche d'un optimum de densité urbaine
Entre, d'un côté des mégalopoles dont la grande densité réduit et complique les conditions de vie de leurs habitants (temps de transport, rareté du sol, réduction et renchérissement des espaces de vie, éloignement de la nature, pollutions, artificialisation des modes de vie ) et de l'autre des nappes urbaines pavillonnaires à l'empreinte écologique dramatique, optimiser l'assisse territoriale des établissements humains est un chantier nécessaire.
On observe des pratiques innovantes venant de ces deux situations. Certaines visent améliorer le fonctionnement de la ville dense (par l'optimisation de son fonctionnement à partir de la "marchabilité de la ville du quart d'heure) d'autres à optimiser et réduire la taille et le bilan carbone des maisons individuelles et tentant aussi de rendre leurs habitants de plus en plus autonomes.
Une connaissance de la diversité de ses expériences sera fructueuse, pour en repérer les possibles mais aussi les effets d'annonces parfois trompeurs.
Se saisir de la thématique de l'artificialisation des sols
Avec 47 km2 pour 100 000 habitants, la France artificialise ses sols plus que ces voisins. À partir du site du plateau de Saclay, cette thématique sera abordée en choisissant de la mettre au travail lien avec une autre discipline. Par l'économie pour étudier les promesses d'inclusion de ces nouveaux quartiers, par l'écologie pour étudier l'évolution de la biodiversité, par les sciences du climat pour modéliser les évolutions thermiques et ilots de chaleurs, par l'histoire urbaine pour déceler le nouveau modèle de ville jardin qui y est promu.
La proximité du site permettra aisément de rencontrer les acteurs et les sites concernés.
Participer à la découverte et à la mise en œuvre de nouveaux matériaux
Le présent sujet s'inscrit dans la continuité de travaux menés ces dernières années par des groupes de PSC sur l'étude de nouveaux matériaux de construction à faible impact environnemental, faible bilan carbone, faible énergie grise, et capable de reconstituer des filières locales. L'enjeu est ici aussi pluridisciplinaire, puisqu'il s'agit de travailler au carrefour de la chimie et la physique des milieux granulaires, de l'architecture, de l'ingénierie de la construction, de l'économie circulaire.
Un type de matériau sera étudié sur l'ensemble de son cycle de vie (de la matière au matériau puis au bâtiment). C'est l'approche des différentes étapes (extraction, récolte ou récupération, processus de fabrication, nécessité de transports, capacité d'assemblage constructif, pérennité, démontabilité, réemploi … qui permettent ainsi de qualifier les innovations.
Il s'agit aussi de mettre en évidence le potentiel architectural de la piste retenue en termes de performances structurelles, thermiques, ambiancielles, esthétiques, technicité de mise en œuvre, etc…
Campus en transition
Depuis plusieurs années, de nombreux projets et initiatives de transition émergent de manière éparse sur le campus.
A partir de la spécificité et de l'échelle du campus, une ou plusieurs thématiques suivantes seront choisies, pour en approfondir l'étude et les opportunités de chaque secteur en termes de recherches scientifiques, d'innovations techniques et de pratiques culturelles
- Alimentation : entre cultures personnelles et projet collectif (approvisionnements et circuits courts, cuisine partagée, restauration collective, qualités des produits, part des produits bio, du végétarisme, du véganisme, …)
- Énergie : entre autoproduction, mutualisation, autoconsommation, réduction des besoins, rénovation énergétique …
- Déchets : apprendre de l'aval du fonctionnement (déchetterie du campus, méthanisation, compost, filières de recyclage, réparation, réemploi …
- Du campus au plateau : quel quartier en devenir ? Quelles formes urbaines, quels modes de vie, quelle gouvernance, pour ce futur et encore hypothétique quartier du plateau de Saclay ?
- Mobilité : réalité des pratiques et imaginaires de mobilité (trajets depuis le campus, mobilités douces, déplacements week-end/vacances/stages, place de la voirie …
- Biodiversité, paysage, cycle de l’eau : aménagement des espaces de circulation et espaces verts, trames vertes et bleues, utilisation des espaces agricoles